Michel Delaigue

L'ETOILE ET LE CERISIER

 

Assis sur le bord d’un été
Une étoile et un cerisier
Historiquement discutaient
Des grandes guerres jamais gagnées

De bouts de corps déchiquetés
De tombes et d’avions bombardiers
La promesse que je te tuerai
Coup de pinceau déstructuré

La même lune, les mêmes leurres
Les mêmes guerres et mêmes pleurs
Il a toujours la même couleur
Le sang qui fait pousser les fleurs
Le sang qui fait pousser les fleurs

Et puis les chars et les charniers
Les flammes des âmes envolées
La noirceur des yeux que j’aimais
L’odeur des villes atomisées

Le cri des bêtes enragées

Celui des mères égorgées...
Nous sommes au printemps de l’été
Une étoile se met à prier

La même lune, les mêmes leurres
Les mêmes guerres, les mêmes pleurs
Il a toujours la même couleur
Le sang qui fait pousser les fleurs
Le sang qui fait pousser les fleurs

Demain la pluie viendra laver
Le sang collant sur les pavés
De Damas et de mon quartier
Refleuriront les cerisiers

La même lune aux mêmes lueurs
Les mêmes gouttes dans le coeur
La pluie viendra dans un quart d’heure
Et nous reverrons pousser les fleurs
Nous reverrons pousser les fleurs