Michel Delaigue

LE LAURIER ET LA RONCE

(J'irai pas cracher sur ta tombe)

​

Un laurier avait poussé

A l’ombre de ma vie

Sans m’y reposer

Je prenais soin de lui

A force de labeur, de passion, de valeurs

Il m’avait même offert quelques fleurs

 

Brins de fierté qu’on bichonne

De rosée du matin

Sans tresser de couronne

Pour devenir quelqu’un

Sans oublier un peu de terre où je suis né

Ça préserve l’humilité

 

Mais voilà qu’une ronce

Ornée de quelques mûres

Ses épines qui s’enfoncent

Par plaisir par torture

De peur que son jardin perde un peu de terrain

Ou que se lève le voile sur les racines du mal

 

Mais arrêtons là les images

Le temps hésite à tourner la page

Il y a des blessures

Dont les plaies restent ouvertes

Il reste des fêlures

Dont on ne peut pas se remettre

 

J’ai relu Boris Vian

Et pourtant…

 

J’irai pas cracher sur ta tombe

Tu n’en vaux pas la peine

Te voilà plissée de honte

Tu n’auras pas ma haine

​​

Des faux frères aux couilles plates

Des requins bouffés par les blattes

Ceux qui n’ont pas bougé l’oreille

Qu’as-tu gagné, un jour tout se paye

Je suis dans un coin de la glace

Qui te renvoie la honte en face

 

J’ai relu Boris Vian

Et pourtant…

 

J’irai pas cracher sur ta tombe

Tu n’en vaux pas la peine

Te voilà plissée de honte

Tu n’auras pas ma haine

​

J’aurais pu me brûler les ailes

J’étais à genou

Mais je me relève

Et je suis toujours debout

Grâce aux miens, grâce à moi

Grâce aux chiens, grâce à toi

La solitude existe bien

Tu n’es plus qu’un sac à rien

 

J’ai relu Boris Vian

Et pourtant…

 

J’irai pas cracher sur ta tombe

Tu n’en vaux pas la peine

Te voilà plissée de honte

Tu n’auras pas ma haine

 

Le laurier a refleuri

Dans la haie de ma vie

Il tresse ses rameaux

Sur mes notes et mes mots